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La fille prodigue

route du soi
La fille prodigue

Il était une fois un domaine viticole quelque part en France.
Ce n'est pas très original car de la vigne, il semble y en avoir un peu partout dans ce pays, non ?

Exploitation familiale d'un peu moins de 10 hectares, ce domaine est tenu par un couple qui approche de la soixantaine. De leurs 2 filles, l'aînée est restée travailler sur place et se destine à reprendre l'affaire, à priori. La plus jeune, elle, est partie à Paris - "Paname" dit-elle - il y a 2 ans déjà.

Crise familiale

Bon, c'est un souvenir douloureux, ce départ.
Le fait que la plus jeune des 2 soeurs ne reste pas dans l'exploitation ou même dans la région, c'était ok. Les parents ont toujours encouragé leurs filles à décider librement de ce qu'elles veulent faire, où et avec qui ; "Vivez votre vie !" disent-ils régulièrement…
Non, ce qui a été dur pour la famille, c'est que la jeune a provoqué une donation partage afin qu'elle ait les moyens de se lancer et de "vivre la grande vie", à Paris en l'occurence.

Le retour

Elle est revenue la semaine dernière, avec arme et bagage.
Enfin, très peu de bagages en fait car, apparemment, c'est le fiasco total sur le plan professionnel et sentimental et, financièrement n'en parlons pas, la fille revient presque sans rien ; le capital de la donation partage est parti en fumée…

Ce retour de la "fille prodigue" en quelque sorte a donné lieu à 2 réactions opposées.

Les parents, pas moralistes et toujours aussi aimants, l'ont accueillie les bras ouverts et ont organisé un apéro familial au cours duquel de précieuses bouteilles du domaine ont été débouchées, de celles que l'on garde pour les grandes occasions.
La fille aînée, elle, a trouvé cette ambiance de réjouissance carrément choquante ; elle a fait la gueule pendant des jours et en a surtout beaucoup voulu à ses parents.

"Quoi ? Ma soeur revient comme une fleur et ça y est, c'est la fête ? Elle a voulu vivre, qu'elle en supporte les conséquences ! Moi, je suis fidèle au poste, responsable et respectueuse et on n'en fait pas tout un plat !".

Après quelques jours de colère et de rumination, la grande soeur, fan de développement personnel, est allée consulter un psychothérapeute / coach de vie (elle avoue se perdre un peu dans toutes ces appellations), car quand même, elle ne peut pas rester dans cet état émotionnel ; "il y a quelque chose à comprendre dans ce qui arrive et dans mes réactions".

Prises de conscience…

Au bout d'une séance, certes un peu rallongée, elle a compris plusieurs choses ; carrément des déclics !

  • ma petite soeur n'est évidemment pas toute blanche dans cette affaire mais ce n'est pas à moi de la juger ; je la laisse faire son chemin de reconstruction et je laisse mes parents prendre eux aussi leurs responsabilités
  • mes parents font preuve de beaucoup d'amour sans pour autant faire preuve de mollesse ; je sais qu'il va y avoir des explications familiales mais franchement, leur attitude est finalement inspirante !
  • je me rends compte qu'à mon niveau, je suis tellement "responsable" que j'en suis devenue aigrie ; je peux m'inspirer de la liberté de ma petite soeur pour profiter aussi de l'amour de mes parents et de ma position au sein de l'exploitation
  • mes réactions émotionnelles sont finalement compréhensibles et porteuses d'une leçon : j'ai besoin d'être moi-même bien dans mes baskets, confiante dans ma propre valeur et dans l'amour de mes parents, libre dans le fait de jouir sainement de ma vie avec tous ses avantages que je finissais par ne plus voir…

Bref, la soeur aînée s'est prise en mains et est ressortie de cette histoire avec une maturité renouvelée.