Feedback sandwich
Vous connaissez peut-être cette façon de faire ?
- "Non Philippe, je ne connais pas cette forme de feedback… mais peut-être que je la pratique sans le savoir !"
- "Oui, je connais et j'aime assez, notamment au travail ; pourquoi, c'est pas bien comme technique ?"
- "Oui, je connais et je suis mal à l'aise avec cette forme de feedback…"
L’intention du feedback sandwich semble positive : exprimer un point appréciatif négatif à son interlocuteur entre 2 points positifs. Bref, cela consiste à commencer par du positif, à enchaîner sur le point sensible pour enfin terminer sur une note positive…
Pour moi, c’est une fausse bonne idée pour au moins 2 raisons :
- une efficacité discutable, notamment du fait d'une dilution des messages,
- une mise en pratique souvent très artificielle, peu authentique donc contre-productive
A moins d’être bien maîtrisée et surtout bien investie notamment en terme émotionnel, cette méthode revient en effet souvent à trouver à tout prix un point positif pour commencer (alors même que je suis chargé négativement), à exprimer de manière détaillée voire intense le point sensible puis à terminer avec une phrase du genre « Mais, bon ce n’est pas contre toi, ne le prends pas mal » ou autre conclusion sans doute bien intentionnée mais très maladroite…
Vous me trouvez dur ?
Je ne doute pas que l’on puisse émettre de la bonne manière un feedback sandwich mais sur le terrain, je ne le vois presque jamais :-). Heureux sont vos interlocuteurs si vous jugez être une exception !
Cette approche est donc – selon moi – pas optimale et mal utilisée (cf 2 arguments plus haut).
Et puis encore une chose : tous les témoignages démontrent que le récepteur d’un tel feedback voit la technique arriver ! Cela ne me gêne pas qu’il s’en rende compte ; ce qui me gêne, c’est la perte de crédibilité donc de confiance, une des clés pour une relation de feedback harmonieuse.
Que proposes-tu Philippe ?
Tout simplement de réapprendre à émettre un feedback qui reflète la réalité vécue du moment, sans chercher à amoindrir ou à équilibrer artificiellement, réapprendre à ne pas céder à la tentation de terminer à tout prix sur une « note positive ».
Comme détaillé dans le pack vidéos "Feedback : l'intégrale", je conseille donc d'alterner - dans une vision globale d'une relation - du feedback 100% positif (qui ne contient donc que des points que j'ai apprécié chez l'autre), du feedback 100% négatif constructif (qui ne contient donc que des points d'améliorations) et du feedback vraiment équilibré (différent donc du feedback sandwich !).
Vous me direz peut-être : "C'est vraiment important tout ça Philippe ?".
D'après moi, cette capacité à distinguer et utiliser alternativement ces 3 formes de feedback est un signe de maturité relationnelle et d'affirmation de soi équilibrée.
Youhou !!